Sightseeing
du 8 octobre au 6 novembre 2010
Sightseeing est une balade au cœur de lieux imaginaires,
néo-futuristes, où les matériaux récupérés superposés les uns sur les autres
proposent des formes nouvelles et en même temps familières dans nos utopies lointaines.
Les paysages sont constitués de plusieurs matières collées au gré des
constructions architecturales dessinées au crayon sur des vieilles lettres et
papiers usés façonnant une ville, des lieux que l’on entend bruire comme dans
un souvenir flou, et dans lesquels l'on pénètre curieusement.
Wandrille Duruflé (1982 -) propose pour sa nouvelle
exposition personnelle une série inédite de dessins de petit et de grand format
ainsi qu’un ensemble de sculptures accrochées suivant un parcours précis, un
circuit expérimental à travers les espaces et les matières.
« Tu traînes. Tu imagines un classement des rues, des
quartiers, des immeubles : les quartiers fous, les quartiers morts, les
rues-marché, les rues-dortoir, les rues-cimetière, les façades pelées, les
façades rongées, les façades rouillées, les façades masquées.
Tu longes les petits squares, dépassé par des enfants qui
courent en laissant glisser sur les grilles une règle en fer ou de bois. Tu
t’assieds sur les bancs de lattes vertes aux pieds de fonte sculptés en forme
de pattes de lion. De vieux gardiens infirmes discutent avec des nurses d’un
autre âge. Avec la pointe de ta chaussure, tu traces dans la terre à peine
sableuse des ronds, des carrés, un œil, tes initiales.
Tu découvres des rues où nulle voiture jamais ne passe, où
nul presque ne semble habiter, sans autre magasin qu’une boutique fantôme, une
couturière à façon avec sa vitrine tendue de rideaux en voile où semblent avoir
été de temps exposés le même mannequin blafard décoloré par le soleil, les
mêmes plaques de boutons fantaisie, les mêmes gravures de mode qui portent
pourtant la date de l’année, ou bien un matelassier proposant ses ressorts, ses
pieds de lit en boule, en noyau d’olive, en fuseau, ses différentes qualités de
crin et de coutil, ou bien un cordonnier dans son recoin servant d’échoppe,
dont la porte est un rideau fait de bouchons de plats en plastique de toutes
couleurs enfilés sur des fils de nylon ».
in Un homme qui dort,
Georges Perec